Accéder au contenu principal

ETF MSCI World vs S&P 500: Ne te trompe pas !

 

Quel est le meilleur investissement financier entre un ETF S&P500 et un ETF MSCI World ?

Ces 2 fonds de placements sont toujours comparés l’un à l’autre par les investisseurs américains et européens depuis des dizaines d’années pour déterminer lequel est le champion de la gestion passive. On va refaire le point de façon objective et à la fin de l'article, on aura notre gagnant !


D'abord commençons par quelques mots pour replacer le contexte. Le S&P500 et le MSCI World sont à la base des indices boursiers très suivis, ce sont en fait des grands témoins de l’état et de la performance des marchés financiers américains et mondiaux. Ce qui nous intéresse en tant qu’investisseurs, ce sont les dérivés de ces indices: les fonds indiciels. Des sociétés de gestion vont fabriquer des fonds qui vont suivre et répliquer automatiquement la performance de ces indices, que tu peux acheter en bourse comme une action. Leur avantage c’est donc qu’avec un seul achat tu vas profiter de la performance d’un marché et non pas d’une seule entreprise. Dans notre cas, le marché des grandes entreprises américaines pour le fonds indiciel S&P500, et le marché mondial pour le fonds MSCI World. 


Acheter un de ces fonds indiciel est une excellente idée pour investir, c’est une stratégie qui est simple et très performante avec environ 10% de rendement brut moyen par an, ce qui lui permet de surpasser la plupart des gestionnaires actifs de portefeuille qui choisissent eux-mêmes leurs actions. Ce sont des fonds d’investissement que tu peux loger dans un compte titre, un PEA, une assurance-vie ou un PER. Si tu n’es pas bien au courant de ce style d’investissement, je te conseille de lire mon article “La meilleure stratégie pour investir en Bourse” avant celui d'aujourd'hui. 

On peut passer à notre étude du jour: lequel de ces 2 fonds indiciels mérite de rentrer dans nos portefeuilles d’investissement ? Voyons ça point par point. On va les départager en s'intéressant aux critères qui sont pertinents dans la vie réelle. 


Composition et diversifications

Le premier point à aborder c’est celui de la composition de ces indices et des conséquences de ces différentes compositions.

Le S&P500 est composé des 500 plus grandes entreprises américaines cotées en bourse. En fait, il couvre 80% de la capitalisation boursière américaine et est de ce fait l’indice le plus représentatif du pays. C’est un indice qui est très bien diversifié au sein des secteurs d’activité, on y trouve des valeurs industrielles, financières, de la consommation de base mais aussi du luxe. On y trouve donc de tout mais aujourd’hui il est principalement dominé par les grandes entreprises technologiques.


Ce qui est important à comprendre c’est que l’indice est pondéré en fonction de l’importance de la capitalisation des entreprises qui le compose. Les entreprises les plus cotées vont peser plus dans l’indice. Par exemple, actuellement Apple Microsoft ou Nvidia pèsent chacune environ 7% de l’indice contre 0.2% pour Etsy. Les valeurs technologiques sont actuellement les plus cotées au monde ce qui explique leur grande importance dans le S&P500 aujourd’hui. 

Mais c’est la même chose pour le MSCI World, qui fonctionne aussi par une pondération sur la capitalisation. Mais cet indice n’est pas basé sur 500 valeurs, mais plutôt 1500 dans 22 pays développés en plus des états unis, comme les principaux pays européens, le canada et le japon. Attention, il n’y a pas la Chine et l’Inde dedans car ce sont des pays encore considérés comme émergents !

Cet indice va aussi pondérer le poids de chaque bourse nationale en fonction du montant de sa capitalisation: par exemple la France pèse 3% de l’indice contre 70% pour les Etats-Unis. On a donc des profils de diversification différents avec ces 2 options: creusons un peu de ce côté là.


D’abord du côté de la diversification sectorielle, c’est à dire: est-ce qu’on a des entreprises dans les différents secteurs économiques ? oui clairement dans les deux options c’est identique. Avec 500 et 1500 valeurs c’est très largement assez pour couvrir tout le spectre économique des grandes entreprises. Match nul. 


La vraie différence est évidemment sur la diversification géographique. Le S&P500 est exclusivement américain, contrairement au MSCI WORLD qui suit comme on a dit une logique géographique pondérée sur la capitalisation. Aujourd’hui les US pèsent pour 70% de l’indice. Si leur part dans l’économie mondiale augmente, et qu’elle se reflète dans les capitalisations boursières, cette place dans l’indice peut monter à 75 ou 80%, comme elle peut descendre à 60% si leur économie et leur capitalisation boursière s'essoufflent. Tout ça s’ajuste dans l’indice de façon automatique. 


Sur le long terme, on va donc avoir une sélection automatique des entreprises des pays développés les plus performantes, sans faire de pari sur leur pays d'origine ou leur secteur d’activité. Pour moi, c’est un avantage massif en faveur de l’indice World, on est garanti de rester dans la course, c’est un investissement serein. 

Mais attention, il ne faut pas oublier que les entreprises du S&P500 sont des multinationales souvent exportatrices, elles sont donc exposées aux croissances des économies internationales dans lesquelles elles sont implantées. Ce serait trop simple de penser que le S&P500 nous rend totalement dépendant des choix politiques et économiques strictement américains. Mais en même temps, on ne rejoint évidemment pas le niveau de diversification géographique d’un indice monde.


On peut appliquer le même raisonnement en termes de diversification monétaire. Les multinationales d’origine américaine vendent en dollars, en euros, en yens parce que leurs revenus sont internationaux. De cette façon on a une diversification monétaire cachée au sein du S&P500, mais qui va bien sûr rester centrée autour du dollar, monnaie de référence donc pas de grosses craintes à avoir. L’indice World évite d’être totalement investi sur du dollar, 70% actuellement. 

Est-ce qu’il y a un gros intérêt à se diversifier un peu plus sur les devises avec le MSCI world ? Pour moi c’est un critère assez secondaire. A court terme, on peut constater d’importantes différences de performances pour un même investissement en fonction de la parité euro dollar par exemple, mais on remarque que sur le long terme, l’euro et le dollar convergent dans le même sens, avec une perte de valeur due à l’inflation qui est comparable, je ne pense pas qu’il y ait de coup à jouer là dessus.


Concentration

Mais attention parler du concept de diversification sans parler de la perte de concentration ça n’a pas de sens. Comme on va le voir dans quelques instants, les meilleures valeurs américaines sont très performantes et sont plus diluées au sein de l’indice monde, qui concentre plus de valeurs. D’ailleurs il a même plus de valeurs américaines que le S&P500 ! Pour illustrer ce point, je te donne une petite statistique intéressante: dans le S&P500 le top 10 des valeurs, donc Apple Microsoft Nvidia etc pèse pour 33% de l’indice, contre 21% dans le MSCI world !  Du coup le S&P500 est surexposé aux valeurs championnes, aux entreprises américaines qui cartonnent en ce moment, et tout ça encore une fois de façon automatique. Ça, ça me parle, c’est un avantage que je trouve au S&P500, mais voilà encore une fois on est sur des proportions proches et un fonctionnement de pondération similaire. 


Risque

Avant de parler de performance, qui va être un gros morceau, je voudrais qu’on aborde les différences en termes de risque pour ces deux indices. D’abord la conséquence directe de la plus grande diversification du MSCI world, c’est une baisse du risque court terme, de la volatilité de la valeur de l’indice. C'est-à-dire que les variations à court terme du prix sont moins importantes que sur le sp500. Mais la différence est très faible, on parle d’un peu plus de 5% de volatilité en moins. Mais en fait on s’en fiche pas mal parce que la volatilité est par définition une notion de court terme, qui n’est intéressante que dans un contexte de vente urgente de son investissement, pour moins risquer une baisse temporaire de la valeur. 


Mais quand on est investi dans un ces deux indices, c’est idéalement pour du long terme, au moins une dizaine d’années, on va donc être intéressé par les risques sur ces durées importantes d'investissement. Il faut évidemment se rappeler que les investissements en actions comme c'est le cas ici sont risqués. Se concentrer sur le long terme ne veut pas dire que le marché actions n’est plus risqué, mais qu’on se donne plus de chances d’atteindre le rendement moyen espéré pour cette classe d’actifs.


La question est: est-ce qu’au sein de cette classe d’actifs, on a moins de risques avec un ETF MSCI world qu’avec un S&P500 ? Ce n'est pas évident de bien répondre à cette question. Ce que je constate, c’est que ces deux indices ont un coefficient de corrélation à 0.98 sur 1. C’est quasiment la même chose, les marchés internationaux sont donc très corrélés avec le marché US, sur des sujets comme l’inflation à long terme, le risque de désastre etc. Par exemple, en 2008 la crise des subprimes était au départ un problème strictement américain mais la crise financière a été mondiale. Est-ce que ça a du sens de chercher à prendre ses distances avec les risques économiques, géopolitiques américains dans un monde aussi interconnecté ? Pas sûr. 


Performances

On a parlé des risques, on peut maintenant s'intéresser à l’autre face de la pièce: les performances. On ne va pas tourner autour du pot: quand on regarde l’histoire, le S&P500 surpasse largement l’indice monde depuis la création des deux indices. En regardant le rendement annuel moyen lissé sur les dernières décennies, on obtient un rendement total, donc en réinvestissant les dividendes, de plus de 10.5% pour le S&P 500 et de 8.5% pour le MSCI World. On a donc 2% d’écart. Un écart expliqué par le fait que le MSCI world n’a pas la concentration américaine du sp500 !

Voilà un graphique qui nous montre l’évolution d’un investissement de 10 000€ en 1992 dans 2 fonds indiciels répliquant nos 2 indices. On constate 2 tracés très corrélés, mais pas au même niveaux de valorisations: en 2024, on aurait 130 000€ sur le MSCI world, tandis que le fonds indiciel S&P500 afficherait 265 000€. Avec une différence de rendement moyen historique de 2%, on a un effet cumulatif très différent au bout de 30 ans !


Mais dézoomons un peu pour regarder la différence de rendement année après année: on observe que malgré une surperformance globale de l’indice américain, on a une grande hétérogénéité des rendements d’une décennie à l’autre. On voit d’abord que la différence de rendement moyen a été gonflée par l’incroyable performance américaine pendant la décennie 2010. Donc la surperformance globale de 2% est à prendre avec des pincettes.

On constate par exemple que tous les ans pendant la majorité des années 80 les autres pays développés ont surperformé les marchés américains, tout comme pendant la décennie 2000. Tout à l’heure on parlait du fait que les marchés étaient très corrélés entre eux, qu’ils ont également souffert des crises américaines, mais pas au même niveau. Avoir des indices mondiaux dans ces moments permettait de dégager plus de performance grâce à la diversification. 


Même si on constate une surperformance globale du S&P500, il faut rester vigilant sur les conclusions qu’on peut tirer de ces tests historiques et purement empiriques. Après tout, le MSCI world ne date que des années 70, donc on ne regarde que 50 ans en arrière ! Si tu es dans ta vingtaine ou ta trentaine, tu investis potentiellement pour 20,30,40 ans ! La tendance passée, qui semble encore être en cours aujourd'hui ne sera peut être pas la norme dans le monde de demain. Personne ne peut prédire les économies qui vont mieux s’en sortir dans le futur. Est-ce que les états unis resteront la puissance de premier plan, j’en sais rien. Ce que je constate par contre, c’est que ces impressionnantes performances passées et actuelles sont bien ancrées dans la tête des investisseurs professionnels comme particuliers, qui s’attendent à ce que la tendance se poursuive. 


La voilà la limite, les performances passées et les attentes futures sont déjà reflétées dans les prix actuels. En fait, la valorisation américaine est chère, et c’est en partie expliqué par les grandes attentes des investisseurs. Pour moi, ça baisse théoriquement la probabilité que les performances futures soient similaires aux performances passées.

Tout ça n’est qu’une question de pari, il me semble plus probable que les Etats-Unis restent en position de force que l’inverse, mais se lancer sur du MSCI world nous permet d’admettre qu’on ne sait pas quoi l’avenir sera fait. A mon sens, c’est une humilité pleine de sagesse.

Petite remarque importante, dans tous ces chiffres de rendement, j’ai pris en compte les frais de gestion des fonds indiciels. Ce qu’il faut savoir c’est qu’en France les frais des ETF world sont en moyenne plus élevés que les frais des ETF S&P500. Cela participe à cet écart de performance dont on parlait juste avant. Par exemple, sur PEA le fonds MSCI world CW8 prend 0.38% de frais de gestion annuels contre 0.15% pour son équivalent sp500, le PE500. A long terme, cela fait vraiment une grosse différence ! C’est un facteur objectif de surperformance pour le S&P500.


Aspects culturels et considérations personnelles

On vient de faire le tour des arguments quantifiables. Je rajouterais volontiers des points bonus au S&P500 pour des raisons culturelles et des considérations personnelles, qui me donnent des raisons de croire que la surperformance américaine est encore là pour un moment. Je constate quand même que leur culture est très propice au développement d’entreprises.

D’abord sur l’aspect entrepreneurial. On y retrouve une culture qui valorise et récompense la prise de risque, globalement une culture d’entreprise capitaliste qui continuera à soutenir les marchés américains à l’avenir. Par exemple, on peut penser qu’avec les biens meilleurs salaires proposés notamment dans la tech le potentiel d’innovation aux états unis a encore de beaux jours devant lui, ça se voit particulièrement en ce moment avec la course à l’intelligence artificielle qui est dominée par les US.

Et deuxièmement, on y retrouve une culture de l’introduction en bourse des sociétés, et de l’actionnariat des particuliers qui est à l’opposé de ce qu’on a en France. Pour les américains il est indispensable d’investir à cause de leur système de retraite par capitalisation, on estime qu’environ 60% d’entre eux ont un placement en bourse, et les fonds S&P 500 sont clairement privilégiés. Ces fonds financent la retraite de millions d’américains, donc pour moi leur système capitaliste n’est pas prêt de bouger.


Pour autant, en se cantonnant à du S&P500 tu vas te priver de très belles valeurs européennes comme LVMH ou Novo Nordisk ! Donc le plus important c’est que tu sois optimiste, que tu aies confiance dans les économies dans lesquelles tu investis, sinon à la moindre perturbation sur les marchés financiers tu risques de remettre en question toute ta stratégie.


Ouverture

Voilà ! On vient de refaire le tour de ces deux grands champions de l’investissement passif en bourse.

 D’un côté on retrouve le très apprécié MSCI world, avec son avantage de sélection automatique des économies internationales performantes et sa bonne maîtrise des risques à court et à long terme. Je pense notamment à la volatilité, au risque de change des devises et aux risques géopolitiques qui sont tous un peu plus contenus. 

De son côté, le S&P500 nous propose une surperformance historique de 2% et certains arguments pour penser que ça va durer: déjà cette surperformance est due à des frais moindres, à une plus grande concentration des valeurs performantes. Et de mon côté, certains facteurs socioculturels spécifiquement américains me rendent très optimiste pour la poursuite de cette tendance. 

Mais d’un autre côté, est-ce que les 8.5% annuels du MSCI world ne sont pas déjà suffisants pour atteindre nos objectifs patrimoniaux tout en se préoccupant moins de nos investissements ? Eh oui, investir sur le World c’est un gage de relative sérénité, sur le PEA c’est l’indice le plus large, tu ne trouveras pas mieux ! 

Pour moi, l’indice monde semble être le meilleur choix d’investissement, le plus raisonnable pour la plupart des gens. Après en fin de compte, le plus important c’est d’augmenter ton capital investi, pas de passer des jours à comparer le World et le S&P500. Que tu investisses sur l’un, l’autre ou les 2 en même temps, peu importe, c’est déjà un bien meilleur choix que de laisser ton épargne sur des livrets. 

Merci de m'avoir lu jusqu'au bout, si l'article t'a plu n'hésite pas à le partager à ceux qui pourraient en bénéficier !

Oscar

L'Éducation Financière Pour Tous est une émission de vulgarisation de bonne gestion financière, diffusée sur Youtube, en Podcast et par écrit sur leducationfinancierepourtous.fr


Commentaires