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L’assurance-vie, est-ce que ça sert vraiment à quelque chose ?




Aujourd’hui je veux faire le point sur le placement préféré des français: l’assurance-vie. 

C’est l’idée d’investissement qui revient en premier quand on commence à vouloir préparer son avenir. Mais pourtant, je n’ai jamais entendu personne me raconter comment il a fait décoller son patrimoine avec une assurance-vie. On peut se demander si c’est bien que ça ? Pourquoi est-ce que c’est un produit autant recommandé ? Bref, une fois qu’on a enlevé la couche de marketing, est-ce que l’assurance-vie sert vraiment à quelque chose ?


La première chose qui me frappe, c’est la discordance entre la popularité des contrats d’assurance-vie et leurs nombreuses faiblesses. Faisons le point.

Point sur la situation: la discordance entre sa popularité et ses faiblesses

Quand un épargnant français prend la décision de mieux gérer son argent, la plupart du temps il se tourne naturellement vers son conseiller bancaire, pensant bien faire. Bien souvent, ce conseiller, qui est un professionnel peu formé à l'investissement on le rappelle, va proposer un contrat d’assurance vie comme la solution miracle à toutes les problématiques qui se posent à ses clients épargnants. Les problématiques de croissance du patrimoine, de transmission, d’optimisation fiscale, tout semble être le bon prétexte pour en ouvrir une.


Quand on connaît le mode de rémunération de ces chargés de clientèle, très porté sur les primes au nombre de contrats ouverts pendant l’année, ils sont bien obligés de proposer des assurances-vie en masse pour gagner leur vie. Leurs intérêts ne sont pas du tout alignés avec ceux du client, ça donne ce côté marchand de tapis que tout le monde perçoit bien maintenant.


Pourtant au départ l’assurance vie, c’est un produit bien pensé. Déjà, le nom. Assurance, vie. Inconsciemment  ça sonne bien, ça évoque la santé, le monde des prévoyances et des mutuelles pour la plupart des gens. En tout cas, ça n’évoque pas d’emblée le fait que ce n’est qu’un investissement financier, et en France ça garantit tout de suite une meilleure perception populaire.


Et les conseillers arrivent justement à faire ouvrir ces contrats en se basant sur la pauvre culture financière des Français. Dans un premier temps en se basant sur la popularité éternelle de la star de l’assurance-vie: le fonds euro. C’est ce fond obligataire sans risque au rendement et capital garantis, tellement connu qu’il y a un amalgame fréquent du fond euro avec l’assurance-vie dans son ensemble. C’est un bon produit pourtant, mais en général tellement mal utilisé. Parce que qui dit absence de risque, dit faible rendement. Grossièrement ces fonds t'évitent juste de perdre de l’argent car ils suivent l’inflation. Ce ne sont donc pas des fonds pour investir, mais pour stocker un capital à court-moyen terme ! Mais comme la priorité financière des français est la sécurité, à tort ou à raison selon les cas, le fonds euro reste un champion. Grâce au fonds euros, les contrats restent globalement stables en valorisation. C’est un choix de facilité pour le conseiller car de cette façon il n’aura pas à gérer un client mécontent d’être en moins value sur un placement risqué. Mais tant pis pour l'épargnant qui ne va jamais faire croître son patrimoine. 


>Pour connaitre une prise de valeur de son assurance-vie, il faut tolérer un peu de risque à court terme pour avoir de la performance à long terme. Dans ce but, rien de mieux que les marchés financiers, notamment les actions. Le problème, c'est que les actions terrifient les français, en plus du boycott moral dont elles sont souvent victimes. A tel point que même dans les milieux sociaux élevés, le taux de détention d’un Plan d’épargne en actions, le fameux PEA, y est anormalement faible. On parle de gens avec des niveaux d’éducation élevés, chez qui on s'attendrait à trouver une sensibilité au fait que les actions sont les meilleurs investissements à long terme. Culturellement, il y a donc une aversion au risque et aux actions en France contrairement aux pays anglosaxons. Les professionnels de la finance et de la banque le savent, et ne s’embêtent même plus à proposer des PEA et des Comptes titres pour finir par se prendre des murs idéologiques. Ils sont donc repartis de leur contrat champion, l’assurance-vie, et ont donc inventé le terme “unités de compte”, suffisamment flou et abstrait pour vendre des actions aux épargnants français, tout ça dans une enveloppe facile à vendre et à gérer. Les unités de compte, ce sont tous les supports d’investissement qui ne sont pas un fonds euros. Le plus souvent, ce sont des fonds actions, avec une gestion qui peut être passive ou active, mais ça peut aussi être des fonds immobiliers.



Leur point commun: ce sont tous des placements risqués, avec des noms compliqués, et bien souvent l’épargnant ne sait pas ce qu’il achète et tout le monde est content comme ça. C’est un gage de tranquillité pour le conseiller, d’autant plus que la volatilité des marchés financiers est moins visible sur une assurance-vie par rapport à un compte bourse classique, à cause des délais d’actualisation des valorisations des fonds notamment.


Ajoutons à tout ça l’aversion aux impôts des français, et surtout à l'impôt sur les successions et on comprend clairement la popularité de ces contrats. En effet, il existe un avantage fiscal pour la succession au sein des assurances-vie, sur lequel on va revenir dans quelques minutes, et qui est souvent cité dans les grands arguments marketing de ces contrats. La plupart des gens ne connaissent pas la fiscalité des successions, ont plein de clichés en tête, et finalement ne tirent aucun bénéfice successoral de leur assurance vie. Tant pis pour l’épargnant naïf, les conseillers eux ont pris leurs commissions au passage.


Et oui, les assurances-vie, c’est extrêmement rémunérateur pour les professionnels du conseil financier. J’oserai même dire que ça fait vivre le secteur, et à plusieurs niveaux. Une assurance-vie permet de rémunérer trois personnes : le vendeur qui distribue le contrat (comme la banque ou le courtier), l'assureur (qui est derrière le contrat) et les gestionnaires des fonds (donc les unités de compte ou les fonds en euros, avec des frais de gestion). Et il n’y a pas de secret, avec plusieurs strates de frais les performances en prennent forcément un coup. J’en parle dans mon article de comparaison du PEA, du compte-titre et l'assurance-vie justement. Entre les frais d’entrées, les frais de gestion annuels du contrat d’assurance vie, et les frais de gestion des fonds investis, le principal gagnant d’une assurance vie, c’est l’industrie financière. Je ne parle même pas de la souscription à une offre de gestion pilotée du contrat qui rajoute encore une couche de frais inutiles.



Si on fait un petit résumé à ce stade, on voit que la plupart des clients de ces contrats paient cher un produit inadapté à leurs besoins par pure méconnaissance et manque d’éducation financière.


>S’il y a des contrats beaucoup plus compétitifs que d'autres, on n’a jamais vu de révolution dans le monde de l’assurance-vie. En fait, on dirait que ce marché a été peu disrupté. En même temps, il y a des raisons à ça, d’abord à cause du cadre réglementaire assez strict autour de ce produit On parlait des frais, justement vu que la plupart des contrats ouverts sont apportés par des courtiers qui sont rémunérés par rétrocommissions, ça se répercute dans les frais. Même s’il est possible de les abaisser à un niveau raisonnable comme dans certains contrats, il y a une certaine incompressibilité de côté là. Et puis enfin, il y a finalement assez peu d’assureurs derrière la multitude de contrats d’assurance vie, on a donc un marché très verrouillé et avec un pouvoir de lobbying important.

J’ai dépeins un tableau assez noir de ce produit, avec une longue liste de faiblesses. Mais tout n’est pas à jeter dans ces contrats, puisque j’en ai moi-même plusieurs. On va voir tout de suite les grands intérêts que je leur trouve !

 

Les intérêts de l'assurance-vie


La première caractéristique que j’apprécie c’est la souplesse de gestion des assurances-vie. Au sein d’un contrat, on peut loger au même endroit ses investissements en obligations, en fonds immobiliers, en actions cotées en bourse voire non cotées comme en private equity. Pour la même répartition, sans assurance vie on serait obligé d’avoir un PEA ou un compte titre plus des SCPI en direct sur un autre compte. Alors que sur l’assurance-vie, en fonction de ses objectifs, et notamment en fonction de notre horizon de placement, on peut rééquilibrer notre allocation d'actifs, notre répartition, soit en effectuant un arbitrage, c'est-à-dire un changement de répartition, soit en effectuant un versement uniquement sur une poche que l’on veut favoriser.


De cette façon, on peut gérer facilement son allocation d’actifs sur une seule enveloppe, en minimisant les frottements fiscaux au cours du temps. Je te rappelle que se concentrer sur la bonne gestion de son allocation est l’action la plus rentable pour ta vie financière, alors la polyvalence de l’assurance-vie est un sacré argument. 

Si on ajoute à cette polyvalence la possibilité sur les bonnes assurances vie d’effectuer des versements programmés avec une répartition automatisée, et le fait de pouvoir acheter des fractions d’actions ou d’ETF quand on a une petite somme à épargner, plus la liquidité de tous les supports, alors on a vraiment un produit très pratique à utiliser au quotidien.


L’autre avantage de l’assurance vie est l'accès aux fonds euros pour ceux qui souhaitent sécuriser une partie de leur patrimoine une fois que leur livret A est plein. On peut bénéficier de cette façon d’une épargne non plafonnée avec une rémunération annuelle garantie et avec une grande disponibilité. Dans le cadre d'un projet court-terme, comme l’achat de sa résidence principale, l'assurance-vie est utile pour rassembler et dynamiser son épargne. 


Autre point fort majeur pour moi, c’est la possibilité de mettre des parts de SCPI dans son assurance-vie, et donc de soumettre son patrimoine immobilier à la fiscalité très avantageuse de l’assurance-vie dont on va parler juste après. Par rapport à l’imposition des SCPI en direct, c’est le jour et la nuit. 


Le quatrième point fort de l’assurance-vie, c’est sa fiscalité avantageuse avec un système d'exonération. Pour y accéder, il faut que le contrat soit âgé d’au moins 8 ans après la date d’ouverture. On peut donc tout à fait ouvrir une assurance-vie tôt pour prendre date sans réellement investir dessus et avoir un contrat mature à utiliser plus tard ! C’est ce que je te conseille de faire d’ailleurs. Au bout de 8 ans, il faut savoir que tu ne seras imposé que si tu fais un retrait. Après un prélèvement de 17.2% de prélèvements sociaux, tu vas bénéficier d’un abattement de 4600€ sur les plus values contenues dans ce retrait, et si tes plus values retirées dépassent 4600€, tu seras faiblement imposé au-delà. L’idée à retenir c’est que si tu fais un retrait qui contient moins de 4600€ de plus values, tu ne paieras que les prélèvements sociaux de 17,2% et tu pourras profiter des fruits de tes investissements.



Et pour finir parlons un peu de l’avantage fiscal de l’assurance-vie en matière de succession. D’abord il faut savoir que tu peux désigner n’importe qui comme bénéficiaire de ton assurance-vie, pour lui transmettre l’épargne située sur ton contrat en cas de décès. On va la faire simple, il y a quelques subtilités mais l’assurance-vie te permet à ton décès de transmettre jusqu’à 152 500€ à ton ou tes bénéficiaires sans payer un centime d’impôts, même s’il n’y a aucun lien de parenté. L’assurance-vie permet de contourner les règles des droits de succession en rajoutant 150 000€ d’héritage non taxé en plus des 100 000€ déjà exonérés par les droits de succession habituels pour un membre de la famille directe. Alors qu’un héritier sans lien de parenté n’a schématiquement pas d'exonération et une imposition à 60% de l’héritage avec les droits de succession, l’assurance-vie rend donc le projet d’héritage en dehors de la famille viable. C’est donc une option simple, versatile et efficace pour optimiser son héritage, au contraire du PEA par exemple qui n’a rien d’aménagé pour la transmission.



Synthèse: dans quels cas est-ce pertinent d’en avoir une ?


Bon faisons le point. Concrètement, dans quels cas est-ce que c’est intéressant d’ouvrir une assurance-vie ?

Je vois 4 situations qui le justifient.


  1. Si tu as un investissement en SCPI en vue, pour optimiser l’imposition de tes futurs revenus fonciers
  2. Si tu souhaites stocker des liquidités à court-moyen terme, grâce au fond euro garanti et non plafonné une fois que ton livret A est plafonné
  3. Pour continuer tes investissements sur les marchés financiers une fois que ton PEA est plafonné
  4. Si tu anticipes le fait que tu auras un patrimoine important à transmettre

On voit bien que les trois derniers cas avec le plafonnement de comptes et l’optimisation de la succession vont surtout concerner les patrimoines importants puisque ce sont des problèmes de riches par définition. 


Dans la pratique, comme souvent je vais te recommander de fuir les contrats des banques traditionnelles qui consommeront toute ta performance avec leurs frais démesurés. Heureusement on trouve maintenant de très bons contrats en ligne auxquels tu peux souscrire en quelques dizaines de minutes. Si tu es intéressé par les assurances vie, je te conseillerais d’en ouvrir plusieurs. Pourquoi ? D’abord pour prendre date sur plusieurs contrats. Tu peux tout à fait remplir ton PEA et faire tourner l'horloge fiscale des 8 ans de plusieurs assurances vies en parallèle en n’y mettant que le montant minimum. De cette façon, le jour où tu voudras utiliser l’assurance-vie tu pourras regarder lequel de tes contrats matures est le plus performant à ce moment-là, en frais et taux de son fonds euro par exemple.


Mais ça te permettrait également d’avoir des contrats dédiés à un certain type d’investissement, par exemple une assurance-vie pour tes ETF et une autre pour tes SCPI. Certains contrats sont très avantageux pour certaines unités de comptes et moins pour d’autres, par exemple Linxea spirit 2 reverse 100% des loyers de tes SCPI contrairement à d’autres qui ne reversent que 85%. 


Avoir plusieurs assurances vie te permet aussi d’avoir des contrats dédiés pour des bénéficiaires, des projets ou des profils de risque différents. 


Et bien sûr, cela te permet de diversifier ton risque. Il faut savoir que chaque contrat bénéficie d’une garantie en cas de faillite de l’assureur, à hauteur de 70 000€ par assuré et par compagnie d’assurance. Si tu as 200 000€ chez une seule compagnie, tu ne seras assuré que pour 70 000€, alors autant diversifier les compagnies d’assurance pour couvrir tout ton patrimoine.


Le mot de la fin


On a fait le point sur un gros sujet, l’utilité réelle de l’assurance-vie. En résumé, c’est un produit avec beaucoup de frais, ce qui le rend dans la plupart des cas plus intéressant pour les vendeurs que pour les épargnants. Dans certains, il est tout de même pertinent d’en ouvrir, principalement pour une finalité de transmission, mais ce n’est pas le produit à prioriser pour investir quand on est jeune, c’est à considérer après un PEA et éventuellement un PER. Finalement, c’est un bon couteau suisse pour les épargnants avec un patrimoine important ou qui anticipent un patrimoine important.


Si c’est un produit qui t'intéresse, tu trouveras en description de l’épisode des liens de parrainage vers les deux meilleurs contrats du moment, linxea spirit 2 et lucya cardif. C’est des contrats que j’utilise personnellement et que je te recommande fortement si l’assurance-vie est adaptée à ta situation. En termes de frais ce sont les moins chers du marché, et leur offre de supports notamment en termes de fonds indiciels et de SCPI est très large !


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                                                                                                                                                                        Oscar
L'Éducation Financière Pour Tous est une émission de vulgarisation de bonne gestion financière, diffusée sur Youtube, en Podcast et par écrit sur leducationfinancierepourtous.fr


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